L'année 2021 du blog de Kaomento commence par la présentation de Tahar Mazouz. Contrairement aux autres artistes de la rubrique, Tahar n'a pas été invité ; c'est moi qui ai décidé de le mettre en valeur en ce qu'il représente le lien entre une communauté d'artistes qu'il réunit par sa créativité et sa générosité. C'est un message d'espoir que je laisse ici - de ce "nouveau monde" de solidarité. Tahar n'a pas attendu le contexte actuel pour agir en ce sens.
Tahar est l'administrateur de page Facebook "Tu es de Pertuis si..." qui compte à ce jour quelque 7200 abonnés. Il est aussi un créateur multi-facettes (auteur de prose et poésie, peintre, musicien...). Or, j'habite Pertuis, je communique pas mal sur Facebook sur mes dessins et activités connexes (expos, sites...) ainsi que sur la musique (enregistrements, concerts... de You&I); donc, la rencontre avec Tahar était presque inévitable.
Tahar et moi avons eu une curiosité et une estime réciproques pour nos travaux respectifs : j'ai lu et apprécié ses livres (liste ci-dessous, avec résumés biographiques), et ces aphorismes, ses représentations picturales et presque obsessionnelles de la ville de Pertuis qui l'a vu grandir et où il a travaillé comme facteur. (un homme de "lettres", comme il se plaît à évoquer, jouant de la polysémie).
En 2014, un AVC a un peu limité sa dextérité mais lui a permis, en revanche, de développer une superbe activité dans le domaine informatique et humain. Son groupe Facebook rend de grands services aux Pertusiens. Mais, outre le côté pratique et utile (infos et annonces sur la ville, les chats perdus, les amitiés retrouvées, etc.), Tahar y développe une activité créatrice très assidue, riche et originale, issue de son propre Facebook (Tahar Mazouz) ou bien empruntée à d'autres artistes.
Ainsi, privé de la possibilité de peindre comme avant, Tahar réalise des "tableaux" infographiques dans un style bien à lui, tout en géométrie et dégradés de couleurs, comme celui-ci, représentant...Pertuis :
Il transforme par ailleurs toute création qui le touche, avec humour et/ou poésie. Beaucoup de mes dessins ont été ainsi travaillés par lui. Je prends l'exemple, ci-dessous, de "création printanière" dont l'original se trouve à gauche, transformé par Tahar en cerf-volant au centre, et imaginé par lui en peinture urbaine sur l'image de droite.
C'est magique, n'est-ce pas ? Je suis peut-être naïve et ignorante du domaine informatique mais j'avoue que je vis un enchantement permanent quand je découvre les créations que Tahar réalise à partir de mes dessins et des œuvres de mes amis.
De Vinci : « l’art est une rencontre »
ou comment la Joconde est vêtue d'un châle Kaomento !
« Tereza De Almeida possède plusieurs cordes à son arc, et comme je le dis parfois, à ce niveau là, ce n'est plus un arc, c'est une harpe. A la musique et au dessin, il faut rajouter la danse, un souvenir d'après ce que j'ai cru comprendre. Il était inévitable que j'associe un artiste qui puisse faire le lien entre certaines de ces disciplines et que je convoque le trait D'Edgar Degas pour arborer la palette de Tereza ». Tahar Mazouz
Il "vampirise" également les œuvres de mes amis artistes invités dans le même système de crossover, à savoir, ce mélange de deux univers, pas si différents, pour un faire un seul. Tahar en est le passeur.
« A la croisée des arts.
Un des tableaux de Thierry Ibert se nomme:« Au bord du Rhône après l’orage ». En le découvrant, j'ai ressenti ce que l'on peut éprouver en croyant reconnaitre un visage familier. Une expression, un paraître, un lien. Vincent Van Gogh avait intitulé une de ses œuvres:"Nuit étoilée sur le Rhône" et la proximité m'est apparue évidente. Cette obscurité bleue, ces formes minimalistes, comme une suggestion à nos yeux. Alors, j'ai envisagé la fusion de ces univers fluviaux, avec cette:"Nuit étoilée au bord du Rhône après l'orage".
Tahar Mazouz
Voici le tableau de
Thierry Ibert,
avant d'être "vangoghisé" par Tahar Mazouz
Monique Duran-Fournier n'a pas échappé au crossover de Tahar, avec ses carpes :
« En accueillant Monique Duran-Fournier dans notre petit cercle de gribouilleurs impétrants, je ne pensais pas devoir convoquer la palette d'artistes aussi ésotériques que Druillet ou Klimt pour détourner et célébrer son travail, et pourtant. Donc, voici ma vision collective de sa danse piscicole ». Tahar Mazouz
J'adore aussi l'effet magique de ses animations, à partir de nos tableaux statiques, comme le feu qui a ravagé l'Amazonie en l'été 2019 et qui était probablement et inconsciemment à la base de mon dessin ci-dessous à gauche.
Parfois, Tahar décontextualise l'objet, renvoyant ainsi à d'éventuels projets de développement de l'activité. Ci-dessous, en haut : au centre, un livre de Kaomento et à droite un mug avec ma signature. En bas, à gauche un jeu de tarot(Un TaroMento !), au centre, des vitraux réalisés à partir de la photo de plusieurs marque-pages ; à droite, un KimonoMento !
Tout ceci n'existe pas, bien évidement, mais fait rêver et si les vitraux me paraissent une technique inaccessible, je me renseigne sur une possible impression sur tissu et sur les jeux de tarot.
Tahar parle ainsi du rapport entre créativité et technique numérique : « A en croire certains, l'informatique a créé le monde virtuel, alors qu'il existait déjà depuis des milliers d'années, on l'appelait simplement "imagination" ». Il n'en manque pas, en tout cas !!
Tahar œuvre à sa manière pour les artistes qu'il aime et avec lesquels il travaille presque à leur insu. Il crée un réseau d'artistes qui permet les échanges et, pour chacun, l'évasion de l’œuvre après conception ; un au-delà de la création première.
Sa démarche est complétement désintéressée mais elle n'en demeure pas moins un élément de communication important pour quiconque tient à faire connaître et à développer son art.
C'est pour toutes ces raisons que j'ai voulu faire cette surprise - ce cadeau à Tahar,lui qui en parle ainsi :
Moi, j'aime ce que tu fais et ce que tu représentes, Tahar, et je te dis merci pour cette œuvre, certes personnelle mais également collective, dans laquelle tu me (nous) inclus.
Vous pouvez suivre Tahar Mazouz sur :
son FB éponyme,
la page FB "Tu es de Pertuis si..."
l'espace "ateliers" de ce blog, en commentaires : https://www.kaomento.com/blog/categories/ateliers
son propre blog :devouzamoi.centerblog.net
BIBLIOGRAPHIE COMMENTEE DE TAHAR MAZOUZ :
Un demi pain et un livre, Kirographaires, 2012.
"Quelle époque bénie, les années «80», un souffle d'air frais sur une France, toujours à l'ombre du «Général», vivotant dans une moisissure d'après-guerre et ayant digéré «68» avec un petit rot poli. La guerre d'Algérie, les événements comme on disait, était encore ancrée dans la chair et les esprits, et un ressac avait rejeté les naufragés du conflit sur une terre qui ne voulait pas d'eux. La crise du pétrole marqua définitivement la fin de l'hégémonie gauloise, et le début de la guerre de dépendance. J'allais sur mes vingt ans, tout juste échappé d'une fac de Droit où j'avais réalisé que je n'en avais aucun. Ce fut mon premier job comme auxiliaire aux PTT, et la rencontre d'une paire de musiciens qui ont ouvert d'autres fenêtres à mes murailles. Mes premiers francs, à moi, vite envolés dans la nécessaire futilité de nos apparences, et mon premier plongeon dans ce que je croyais être l'amour, confondant l'envie et le besoin. Bloqué dans le reflet de mon identité, je n'avais pas encore trouvé la clef de contact, ce n'étaient que gesticulations et pantomimes, imitations pour l'assimilation. Je ne voulais pas forcer la serrure, mais seulement que l'on m'ouvre, mais ma patte n'était jamais assez blanche. Toute ma vie était une boîte de nuit, et l'immense videur «black» répétait sans cesse: «Désolé, mais c'est une soirée privée » Privé de moi".
La mille et deuxième nuit, Acoria Editions, 2014.
"Au fil d'un récit initiatique, une traversée du désert au sens propre, ce conte oublié parmi mille et un autres nous entraîne à la brutale rencontre du mythe et de l'Histoire. Un jeune bédouin, une sorcière guerrière et un invisible ermite nous emmènent sur d'anciennes pistes que le vent a effacées, là-bas, à l'est, vers le levant, dans des lieux désormais privés de magie, où l'Algérie était française, le conte oriental et l'amour éternel".
Le Céfran, 5 sens Editions, 2017
"L’auteur raconte, cinquante ans après ce que l’on a nommé en langage politiquement correct : « Les événements », son accession à sa nature « de céfran » (français), par le biais d’une langue et de sa poésie. Tour à tour désenchanté et drôle, souvent triste mais jamais amer, nous suivons l’étrange parcours à rebrousse temps d’un poète ordinaire en quête d’une identité promise par l’Histoire mais refusée par le quotidien.
« Ou comment je suis devenu français » est le sous-titre de cette œuvre, une balade d’un demi-siècle, au fil de mots tordus et réinventés, une folie d’écrits vains qui a jeté « l’encre » sur une terre d’adoption pour la faire enfin sienne : « Sa France » ".
Le peintre, dessinateur et sculpteur CLAUDE ENGELHARD m'a offert la vision de cette maîtresse guitare.
Certains artistes, comme Tereza DeAlmeida DeGiorgi, exposent des visions très inspirantes.
A trop côtoyer la mantille du Mucem, réalisée par l'architecte Rudy Ricciotti, l' oeuvre de Tereza DeAlmeida DeGiorgi s'en est picturalement imprégnée.
Tereza DeAlmeida DeGiorgi, avec le chef Pulizzi, vous invite au vernissage de son exposition "Le Goût et les couleurs", le 16 mai, au Restaurant L'Olivier, Sevan Parc Hotel ****, à Pertuis.
Cocktail offert. Dîner possible. Le tout sur réservation en MP.
Plus d'infos : www.kaomento.com
La dessinatrice Tereza De Almeida est en train de travailler sur une nouvelle version de la tapisserie de Bayeux.